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À présent encore les échos qui parviennent d’Autriche montrent dans le procès des légions polonaises un très fort attachement de certains Polonais pour l’Autriche, en qui ils semblent avoir placé toutes leurs espérances. Et cela ne les rend pas — que l’on sache — plus favorables à l’Entente : plus ils sont amis de l’Autriche, plus ils nous sont ennemis, eux, leurs parents, amis et confédérés. Et, dès lors, ils doivent être traités comme tels. Tout le reste est du sentimentalisme nocif !

Nous faisons la guerre et nous avons à gagner la guerre. Or, sous prétexte de nationalités opprimées, on abonde, chez nous, de personnages suspects qui sont tantôt Russes, tantôt Polonais, tantôt Ukrainiens, tantôt Serbes ou Yougo-Serbes et qui tous, par un étrange hasard, se trouvent avoir voyagé en Suisse, causé avec des Autrichiens, parfois avec des Allemands et avec certains Grecs, car ils n’ont pas de préjugés. Quel métier font-ils ? Quelle puissance servent-t-ils ? à quelle organisation plus ou moins suspecte faut-il les rattacher ? Comment et par quel moyen trouvent-ils des répondants ? Dans un moment comme celui-ci il faut être dix fois certain que les individus appartenant par leur naissance aux nations ennemies ont bien effectivement rompu avec leur patrie, leur famille et leurs amitiés, et qu’ils se sont jetés corps perdu dans notre parti. Pour cela il n’est qu’une preuve, c’est qu’ils soient engagés dans nos armées et s’y battent. Sinon, que font-ils chez nous ? Pourquoi les tolère-on dans le camp retranché de Paris ? Pourquoi ont-ils accès dans les hôpitaux ? Pourquoi se promènent-ils dans les ministères ? Pourquoi font-ils la roue dans les salons ? Il y a assure-t-on, dans notre Paris, que l’on dit vide, quantité d’endroits où de tels étrangers — et d’autres qui, pour s’intituler neutres, ne sont pas moins suspects — sont accueillis et fêtés, portent leur esprit critique et récoltent des nouvelles et des renseignements.

On n’a point idée de ce qu’ils dépensent de taxis — quand ils n’ont point d’auto à leurs ordres — pour obtenir l’ubiquité nécessaire à leurs fonctions. Quelles fonctions ? Il se peut qu’elles se bornent à leurs plaisirs, à la satisfaction de leur curiosité, à l’intérêt qu’ils portent à la France dont ils tâtent le pouls. Il se peut ; mais enfin, ne faut-il pas quelque bonne volonté pour trouver à notre Paris un air de fête ? Ce n’est pas à persiennes ouvertes que font accueil dans bien des quartiers, les visages des maisons, et l’on ne compte plus les portes closes. On mange mal, quand on mange, et l’addition, si l’on dîne au restaurant, s’écrit en caractères de MANÉ THÉCEL PHARÈS, bien qu’on n’ait rien consommé de sardanapalesque. Il faut bien de l’argent pour y vivre, tant d’argent qu’assurément les observateurs ont dû réclamer des diverses contrées où ils adressent le fruit de leurs veilles, de fortes indemnités de vie