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DANS L’ORCHESTRE SYMPHONIQUE

On a cherché souvent à préciser le Rôle que peuvent jouer les Bois et les Cuivres dans l’ensemble orchestral symphonique. C’est là, nous l’avouons, une tâche ingrate et difficile. Peut-être d’ailleurs n’est-elle pas utile ; voici pourquoi :

De nos jours, avec les perfectionnements sans nombre apportés à la technique des Bois à Clefs et des Cuivres à pistons, les diverses classes d’instruments sont beaucoup moins tranchées qu’autrefois. Du temps que les Cors et Trompettes ne faisaient entendre que les Harmoniques successifs de leur fondamentale, il pouvait s’agir de tenues des Cors (sur Tonique et Dominante), d’accents des Trompettes, parfois aussi, de Soli (pour le Cor) dans lesquels intervenaient quelques notes bouchées (Nocturne du Songe d’une Nuit d’été). Il y avait chez Rameau, chez Mozart, une certaine démarcation entre les Bois et les Cors. Elle existe encore, bien que moins visible, chez Beethoven ; beaucoup moins chez Berlioz ; quant à Bizet, les Cors simples de Carmen interviennent souvent comme des Bois (un peu plus gros, un peu plus solides). Mais alors les rôles de ces divers groupes ne sont plus définis ; les Cors (sauf exception) ne forment pas un ensemble autonome ; ils s’insèrent aussi bien parmi les Bois que parmi les Cuivres. Les Bois peuvent ne faire que des accompagnements (arpèges, tenues, notes répétées, etc.), mais ils peuvent aussi jouer un rôle mélodique : chanter des Cantilènes que reprendront ensuite les Cordes, en réponse (ou, inversement, répondre aux Cordes) ; ils peuvent également ajouter des guirlandes d’arpèges, mais ces guirlandes sont aussi bien du domaine des Cordes. Aujourd’hui donc, ne disons point qu’il y ait un rôle des Bois, un rôle des Cordes.