Page:Klumpke - Rosa Bonheur sa vie, son œuvre, 1909.djvu/443

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
421
VOLONTÉS TESTAMENTAIRES

Mes nièces, Dieu merci, ont eu un père qui a pioché comme un cheval et gagné plus d’argent que moi pour leur assurer une vie tranquille et honorable, qu’elles aient à se marier ou à vivre filles comme moi ; quant à mes deux neveux, ce sont des hommes solides et bien portants, ils n’ont qu’à faire comme moi, car les hommes ayant la force physique ne doivent pas, s’ils sont fiers et braves, compter sur l’héritage d’une femme dont le travail a souvent été interrompu par les conditions de son sexe et qui ont fait avec raison penser aux hommes justes et dignes de ce titre, que l’homme est fait pour travailler pour la femme et les enfants ; mais hélas ! les femmes ont souvent été obligées de les remplacer quand ils manquent à leur devoir.

Je termine cette lettre explicative de ma volonté et de ma justice de tester en faveur d’une compagne artiste comme moi, gagnant noblement sa vie comme moi, désirant ainsi que moi continuer de travailler en paix, continuer sa carrière d’artiste et m’accompagner loyalement jusqu’au dernier jour de mon voyage en ce monde.

J’ai fini et j’espère, au jour où on devra lire cette lettre être comprise et approuvée par ma famille et mes vrais amis.

Signé : Rosa Bonheur.
Fait à By, le 28 novembre 1898


De plus j’ajoute que si, par des circonstances imprévues, mon frère Isidore se trouvait après moi gêné dans ses affaires d’intérêts, je connais assez Mademoiselle Klumpke, mon amie, pour lui confier les mêmes devoirs que moi-même.

Signé : Rosa Bonheur.

Codicille du 18 mai 1899

Je laisse à Mademoiselle Anna E. Klumpke ma légataire universelle le droit de disposer à sa volonté de mes funérailles civiles ou religieuses, et je nomme Monsieur Camille Tollu mon exécuteur testamentaire.

Signé : Rosa Bonheur.
Paris, 18 mai 1899.