triés. J’y ai vu le brave Stirling, le garde
d’artillerie modèle, qui est au Soudan
depuis une dizaine d’années, et deux
malades. L’un, le capitaine Chevallier,
couché, avec une mine de l’autre monde,
possesseur d’une énorme plaie, provenant
d’une piqûre de morphine ou de quinine,
que lui a faite un de nos distingués chirurgiens.
La piqûre a mis une veine à
nu. L’autre malade, un médecin, jeune,
figure souriante, assis sur une chaise,
vous répondant par des sons inarticulés
quand on lui parle. Celui-là est paralysé
au moins en partie. Et voici le bel état
dans lequel on revient du Soudan !
Par ces chalands, j’ai pu avoir quelques nouvelles de la colonie. J’ai appris que le colonel de Trentinian[1] n’était pas rentré à Kayes, qu’on le supposait en colonne quelque part ; que, dans le même Kayes, il n’y avait pas de lieutenant-colonel, que le commandant Dunoyer était malade, etc., etc. J’ai conclu
- ↑ Alors Commandant supérieur de la Colonie.