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DU LIEUTENANT-COLONEL KLOBB


maux ont l’air de troncs d’arbres étendus sur la berge. Au premier coup de fusil ils se réveillent et plongent prestement dans l’eau. Moi, chasseur émérite, je me suis aperçu que j’avais emporté des cartouches qui ne vont pas dans mon fusil. Je ne peux donc même pas essayer de tuer quelques-unes des perdrix qui courent dans les champs de maïs, dont le Sénégal est bordé des deux côtés.

J’ai constaté que les Toucouleurs, qui habitent les rives, n’avaient pas changé d’une ligne depuis mon dernier Soudan. Il est toujours aussi difficile de se procurer du lait et des victuailles. Ce matin, j’ai eu un litre de lait pour un franc, et encore, avec des protections ! Dans cinq cents ans, nous verrons du haut du ciel ce qu’ils sont devenus et si la République en aura fait de bons électeurs. Leurs femmes et leurs enfants sont dans les champs de maïs, poussant des cris toute la journée pour empêcher les oiseaux de manger le grain. C’est peut-être plus