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CARNET DE ROUTE


Belle morale, facile à prêcher, fort peu à pratiquer. Le retour est encore trop loin pour que, d’y penser, puisse m’être un encouragement. J’ai peine à vivre ailleurs que dans le présent ; peine à penser à autre chose qu’à ce que je viens de quitter ; peine à ne pas comparer ce que j’avais hier avec ce que j’ai aujourd’hui. En résumé, je suis triste, j’ai froid, et je m’ennuie, comme je m’ennuie sur tous les bateaux.

Je n’ai pourtant rien à redire sur ce pauvre Brésil qui est un grand et magnifique paquebot. Nous sommes peu de passagers, j’ai une belle cabine pour moi tout seul, ce qui me permet de m’étaler à mon aise. Le temps est beau, nous roulons quand même, la valise sur laquelle j’écris s’incline successivement de droite à gauche et de gauche à droite.

Nous sommes en ce moment sur la côte nord de l’Espagne. Nous doublerons bientôt le cap Finistère. Je ne suis pas descendu ce matin à la Corogne. Le temps