Page:Klingsor - Humoresques, 1921.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

LA FLEUR SÈCHE


J'avais ouvert un vieux bouquin poudreux De _Poèmes anciens et romanesques_, ce matin, A la page marquée d'une fleur sèche de thym, Que nous avons, chère souris, souvent lue tous deux.

Je rêvais doucement de celle Que tu sais bien et qui partit je ne sais où, Séduite sans doute par l'escarcelle D'un vieil amoureux radoteur et fou.

Je regardais la lune au travers des branches D'un cerisier mort qu'on n'a pas abattu, Quand la bise, je crois, ou ma manche Tourna la page rongée par tes dents pointues.

Est-ce le simple froissement du papier, Ou quelque autre mystérieuse cause, Qui te fit sauver ainsi, à pieds Légers, à pieds fourrés de bas gris et roses?