Page:Klingsor - Humoresques, 1921.djvu/154

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dame Flore a maintenant sa cornette large De beau linge amidonné, Un bourgeon de rose au corsage, Un autre sur le nez.

Elle bâte de beau cuir neuf et lustré Son baudet qui se blesse le dos, Qui chante la messe comme un curé Et tend ses oreilles comme un bedeau.

Lui accroche deux paniers gris par l'anse: Met dans l'un des figues, des olives Et des prunes de Provence Et dans l'autre une oie de treize livres.

Et juchée dignement sur son âne Comme une reine sur une mule au mors d'argent, Elle va vendre sa volaille et sa manne De fruits au marché de la Saint-Jean.

Et tout le long du sentier elle rêve, Pendant que l'âne fait sauver les sauterelles, Les grenouilles et les lièvres, Au meunier de l'étang qui vient vers elle,

Et qui, sous sa figure et ses habits de farine, Jalouse peut-être les trois pucerons savants Qui sautent comme des clowns et tambourinent Le réveil de la meunière du moulin à vent.