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LE DRAGON

Mon cœur est triste :
Mes culottes sur le fauteuil font
Des plis savants de culotte d’artiste ;
Mon cœur est triste ;
Une chaussette traîne sous la chaise
Et j’entends à travers le plafond
Le ronflement sourd d’un bourgeois obèse.

Je me tourne un peu
Sous la couverture à fleurs
Et le sommier crie ;
Je me tourne un peu
Et je regarde obstinément
Le papier déteint aux feuillages bleus
Comme la forêt de féerie
D’une belle au bois dormant.

Je veux être son chevalier
Et dans ma songerie fantasque j’imagine
Que derrière le mur au vieux décor charmant
Je vais trouver madame Durand ma voisine