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vivement à mon souvenir, lorsque je te regarde, que je puis à peine retenir mes larmes.

— Quoi, dit Toni en le pressant tendrement dans ses bras, elle ne vit plus.

— Elle est morte, reprit l’étranger, et c’est alors que j’ai appris à connaître toute la force et la beauté de son âme. Dieu sait, continua-t-il avec amertume en posant sa tête sur l’épaule de Toni, que je poussai l’étourderie jusqu’à me permettre, dans un lieu public, des observations sur le détestable tribunal révolutionnaire ; on me dénonça, on me poursuivit. Ne pouvant me trouver, parce que j’avais eu le bonheur de me cacher dans les faubourgs, mes persécuteurs, qui avaient soif de sang, se rendirent à la maison de Marianne, et sur son attestation pleine de vérité qu’elle ne savait où j’étais, on