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préparer un bain, elle lui souhaita une bonne nuit, et sortit.

L’étranger plaça son sabre dans un coin de la chambre, et posa sur la table les deux pistolets qu’il portait à la ceinture. Tandis que Toni mettait du linge blanc au lit, il regarda tout autour de lui, et jugeant au luxe et au bon goût qui régnaient dans cet appartement qu’il avait dû appartenir au maître de la plantation, son cœur se remplit d’une horrible crainte ; il eût préféré cent fois être encore avec sa famille au milieu des bois, exposé à la soif et à la faim.

Cependant la jeune fille avait apporté un baquet d’eau chaude embaumée de fleurs odorantes. L’officier s’assit, et tandis que Toni, accroupie devant lui, s’occupait à le déchausser, il admirait la beauté de sa taille svelte, ses cheveux noirs tombant en boucles