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vaient dans le port, afin d’ôter à leurs victimes le moyen de fuir en Europe ; comment sa famille avait à peine eu le temps de se sauver hors de la ville avec ses effets les plus précieux, et de se mettre en route pour le Port-au-Prince.

« J’ai vu des actes inouis de la cruauté des Nègres, ajouta-t-il, et, entre autres, l’horrible vengeance d’une jeune esclave. Lorsque le soulèvement a commencé, elle souffrait de la fièvre jaune qui, pour surcroît d’infortune, régnait au fort Dauphin. Elle avait servi trois ans auparavant un colon de la race blanche, qui, voyant qu’elle ne voulait pas se soumettre à ses ordres, la maltraita durement et la vendit à un créole. Ayant appris, le jour du massacre général, que son ancien maître s’était réfugié dans une écurie voisine de sa demeure, elle envoya son