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en la pressant sur son cœur ; vous voyez le plus infortuné des hommes, mais il n’est ni ingrat, ni méchant. »

En parlant ainsi, il jeta un regard timide au tour de la chambre, et remit son sabre dans le fourreau.

« Qui êtes-vous ? lui demanda la vieille en lui poussant une chaise avec le pied, après avoir ordonné à Toni d’aller à la cuisine préparer un repas pour leur hôte.

— Je suis un officier au service de la France, répondit celui-ci en s’asseyant auprès de la vieille ; mais je ne suis point Français. Mon nom est Gustave de Ried, et ma patrie est la Suisse. Hélas ! pourquoi l’ai-je quittée ! pourquoi suis-je venu dans ce pays maudit !

» Je viens du fort Dauphin, où tous les blancs, comme vous savez, ont été égorgés. Mon but est d’atteindre le