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LE JUGEMENT DE DIEU.

qu’elle l’invitait à venir dans son appartement au château de son père, la nuit de Saint-Rémighius. Celui-ci, plein de joie sur le succès de sa déclaration, écrivit aussitôt à Littegarde une seconde lettre, où il la priait de lui donner quelqu’un de sûr pour le conduire jusqu’à sa chambre. La femme de chambre, profondément artificieuse, s’était arrangée de manière à recevoir elle-même cette réponse qu’elle prévoyait ; par une seconde fausse lettre, elle lui fit savoir qu’elle l’attendrait à la porte du jardin. C’est pourquoi le soir de cette nuit elle avait demandé à Littegarde la permission d’aller dans son pays visiter sa sœur malade. Elle partit en effet après midi avec un petit paquet sous le bras, et s’achemina vers le village où demeurait sa sœur. Mais, au lieu d’accomplir son voyage, elle