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faisaient là ses fils. Ils lui répondirent qu’ils ne s’occupaient plus que de la gloire de Dieu et de leur Sauveur ; que depuis six ans qu’ils menaient cette vie spirituelle, ils dormaient peu, mangeaient rarement et ne parlaient jamais ; qu’ils ne se levaient de leurs siéges qu’à l’heure de minuit, et qu’alors ils entonnaient, avec des accens qui faisaient vibrer toutes les fenêtres de la maison, le Gloria in excelsis. Ils ajoutèrent que ces jeunes gens se portaient parfaitement bien de corps, et qu’ils avaient même une sorte de sérénité sérieuse et solennelle.

La pauvre mère, ne pouvant supporter la vue de ces infortunés, s’éloigna toute tremblante de cette maison. Elle se rendit le lendemain, pour consulter sur cette découverte, chez un M. Veit Gotthelf, célèbre marchand de draps de la ville d’Aa-