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« Ô Dieu tout puissant ! je te remercie, s’écria Frédérich en embrassant les genoux de Littegarde. Tes paroles me rendent la vie ; la mort ne m’effraie plus, et l’éternité qui se présentait tout-à-l’heure à ma pensée, semblable à une mer de misère sans bornes, m’apparaît maintenant comme le règne de la félicité éclairée par mille brillans soleils.

— Ô malheureux ! dit Littegarde en s’éloignant, comment peux-tu croire ce que ma bouche prononce ? Insensé ! le jugement de Dieu n’est-il pas contre moi ? N’as-tu pas été vaincu par le comte dans ce combat mystérieux qui devait décider de mon sort ?

— Ma bien-aimée Littegarde, s’écria le chambellan, préserve tes sens du désespoir ; combats le sentiment qui pèse sur ton âme comme un lourd