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LE JUGEMENT DE DIEU.

menait dans sa chambre, appuyé sur le bras de sa fille, et réfléchissait tristement au destin commun à tout ce qui respire, lorsqu’il reçut le message du tribunal. À peine eut-il lu la lettre qu’il tomba frappé d’apoplexie. Ses fils, qui étaient présens, le relevèrent et firent aussitôt appeler le médecin ; mais tous les secours de l’art furent inutiles, et l’on ne put le rappeler à la vie. Littegarde, qui s’était évanouie dans les bras de ses femmes, n’eut pas même l’amère consolation de le convaincre de son innocence avant qu’il partît pour l’éternité.

Ce malheureux événement causa un grand effroi aux deux frères, et la faute honteuse de leur sœur, qui paraissait l’avoir produit, les anima contre elle d’une colère inexprimable. Ils savaient parfaitement que