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douloureuse de trois années, durant laquelle cette jeune fille ne quitta pas le chevet de son lit, il lui serra encore une fois la main avec tendresse, et mourut.

Piachi, qui était en relation d’affaires avec la maison de ce seigneur, et avait fait chez lui la connaissance d’Elvire, que deux ans après il avait épousée, se gardait bien de le nommer devant elle, ou de rien rappeler qui y eût rapport, car il savait combien étaient susceptibles la délicatesse et la sensibilité de son cœur. La moindre circonstance qui eût rapport à l’époque où ce jeune homme se dévoua et mourut pour elle, lui faisait verser d’abondantes larmes, et rien absolument ne pouvait la consoler. On la laissait alors dans la solitude, parce que l’on avait éprouvé que c’était le seul moyen de calmer sa douleur.