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LE MARCHAND DE CHEVAUX.

ajouta, elle se mêla à la foule, sans que je pusse voir ce qu’elle faisait.

» Dans cet instant, et pour ma consolation, le messager du prince vint l’avertir que le chevreuil était tué, et qu’il l’avait vu emporter dans la cuisine par deux chasseurs. Le prince, me prenant par le bras, me fit prendre le chemin de la maison, en m’assurant que cette femme n’avait dit que des folies indignes de l’argent que nous y avions perdu.

» Mais quel fut notre saisissement lorsqu’un cri, s’élevant sur la place, nous fit tourner la tête, et que nous vîmes un énorme chien, traînant après lui le chevreuil tué, qu’il avait dérobé dans la cuisine du château. Épouvanté par les cris des cuisiniers qui le poursuivaient, il déposa sa proie à nos pieds, et s’enfuit.

» La foudre tombant devant moi