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cloche qu’il avait entendue, et l’instant qui avait précédé celui de la destruction générale. Une profonde angoisse remplit de nouveau son cœur. La prière le calma cependant un peu, et l’être qui domine au-dessus des nuages lui parut alors redoutable.

Se mêlant à la foule qui, occupée à sauver ses richesses, sortait des portes de la ville, il s’informa de la fille d’Asteron ; mais personne ne put lui donner de sûrs renseignemens. Une femme qui, chargée d’une foule d’objets et de deux enfans, courbait jusqu’à terre son dos fatigué, lui dit en passant, comme si elle l’avait elle-même vu :

« Ô mon Dieu ! elle a eu la tête tranchée ! »

Jeronimo se détourna, et ses calculs ne lui laissant malheureusement pas de doute, il dut croire son amante exécutée, et se retira dans un petit