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brise de la mer vint ranimer tout-à-fait ses sens, et que ses yeux, recouvrant la vue, purent se promener sur les environs enchanteurs de Saint-Iago. Seulement cette dévastation qui se faisait remarquer de toutes parts chagrinait son cœur ; il ne pouvait concevoir ce qui avait pu l’occasionner, ainsi que sa délivrance. Le souvenir de l’horrible instant auquel il devait la vie ne se représenta à son esprit que lorsque, se retournant, il vit la ville en ruines. Il se jeta la face contre terre pour remercier Dieu de ce merveilleux prodige. Oubliant tous les coups de la fortune qui avaient d’abord brisé son courage, il pleura de joie de pouvoir encore une fois jouir du bonheur de vivre ; mais l’anneau qu’il portait à l’un de ses doigts lui rappela tout-à-coup Joséphine, et avec elle sa prison, la