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rant par la jambe, il me fit tomber de cheval tout étendu dans la boue. « Mort et tonnerre ! m’écriai-je, comment pouvez-vous me soupçonner ? N’ai-je pas laissé dans l’écurie les selles des chevaux et toutes mes hardes ? » Tandis que le châtelain faisait rentrer mes chevaux, les domestiques se mirent à me battre à coup de fouets et de bâtons, jusqu’à ce que je tombasse presque mort devant la porte.

« Chiens de voleurs, que voulez-vous faire de mes chevaux ? » m’écriai-je en me relevant. Mais, pour toute réponse, le châtelain détachant les chiens de chasse, les excita contre moi ; j’arrachai une branche d’arbre pour me défendre, et j’en étendis trois morts à mes côtés ; alors un coup de sifflet rappela les autres dans la cour, la porte se ferma, et je