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sentiment de la justice, qui ressemblait à un trébuchet, l’emporta sur sa colère.

Il n’était pas encore bien certain au fond du cœur que son adversaire fût dans son tort ; écoutant sans mot dire ses paroles offensantes, il rentra dans l’écurie, et considérant tristement ces pauvres bêtes, il demanda d’une voix basse pourquoi son domestique avait été renvoyé.

« Parce qu’il a été un impertinent, et qu’il a voulu s’opposer à un changement d’écurie devenu nécessaire par l’arrivée de deux cavaliers à Tronkenbourg. »

Kohlhaas aurait donné la valeur de ses chevaux pour avoir là son domestique, et pouvoir opposer son récit à celui de l’énorme châtelain.

Il réfléchissait à ce qu’il y avait à faire dans sa triste situation, lorsque