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« Qu’est-il donc arrivé à ces malheureuses bêtes ? » demanda-t-il au jeune homme qui était resté près de lui.

Celui-ci l’assura qu’il ne leur était advenu aucun mal, qu’ils avaient été bien nourris et bien soignés, mais que, vu la grande abondance de la récolte et le manque de bêtes de somme, on les avait fait un peu travailler à la rentrée de la moisson.

Kohlhaas jura contre cet acte inoui de barbarie ; cependant, réprimant la vivacité de sa colère, il fit mine de vouloir quitter aussitôt ce repaire de brigands, lorsque le châtelain, attiré par cette conversation, s’approcha, et demanda de quoi il s’agissait.

« De quoi il s’agit ! repartit Kohlhaas vivement ; qui est-ce qui a permis au gentilhomme de Tronka et à ses gens