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mérite des chevaux était loin d’égaler celui des cavaliers qui devaient les monter ; et il offrit à ces seigneurs de les leur vendre.

Le gentilhomme, enchanté d’un magnifique coursier bai, en demanda le prix, ainsi que celui de deux chevaux noirs, dont l’intendant assurait avoir un grand besoin pour les travaux de la maison. Mais lorsque Kohlhaas déclara quelle somme il comptait en retirer, tous les chevaliers se récrièrent, et le gentilhomme lui dit qu’il pouvait aller chercher la Table ronde et visiter le roi Arthur, s’il voulait vendre ses chevaux à ce prix.

Kohlhaas, qui avait surpris des regards d’intelligence entre le châtelain et l’intendant, et qui se sentait le cœur oppressé d’un triste pressentiment, fit tous ses efforts pour conclure le marché.