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— Oui, il est mort d’apoplexie, répondit le douanier en soulevant la barrière.

— Hé ! tant-pis, reprit Kohlhaas ; c’était un bien digne homme ; il s’intéressait au commerce, et il aidait volontiers les marchands qui pouvaient avoir besoin de ses secours ; c’est lui qui fit bâtir la chaussée qui mène au village, parce qu’une de mes jumens s’y était cassé la jambe.

» Eh bien ! que dois-je payer ? »

Puis il tira avec peine de dessous son manteau agité par le vent la pièce de monnaie que réclamait le douanier.

« Voilà, mon vieux » ; et, jurant contre la rigueur de la saison, il ajouta :

« Il eût mieux valu pour vous et pour moi que l’arbre qui a servi à faire cette barrière fût resté dans la forêt. » En parlant ainsi, il se remit en