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Le marchand, après avoir tiré son chapeau devant le seigneur qu’il ne connaissait pas, jeta les yeux sur les pauvres bêtes qui, la tête basse, les jambes faibles et tremblantes, regardaient tristement et sans le manger, le foin qui était devant elles.

« Ce sont bien mes chevaux, dit-il ; puis, saluant encore une fois, il se mêla à la foule. Le chambellan, s’approchant d’un pas fier vers l’écorcheur, lui jeta une bourse, qu’il releva sans cesser de se gratter la tête avec un vieux peigne de plomb. Le seigneur Kunz appela l’un de ses valets, et lui ordonna de détacher les bêtes et de les emmener chez lui. Celui-ci, à l’appel de son maître, sortit d’une bande d’amis et de parens qu’il avait trouvés dans la foule ; mais à peine avait-il saisi le licol, que maître Himbold, son cousin, vint le prendre par le