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LE MARCHAND DE CHEVAUX.

de sa dispute avec le gentilhomme jusqu’à ce jour, puis il l’adressa, pour la rédaction de sa plainte, à l’un des plus célèbres avocats de la ville.

Cependant le gentilhomme, sommé de venir répondre à la plainte portée contre lui par Michel Kohlhaas, fut tiré de sa prison de Wittemberg, et ne tarda pas à arriver chez ses cousins Hinz et Kunz, où il fut reçu avec la plus grande amertume et le plus profond mépris. Ils le nommèrent un misérable et un indigne, qui avait apporté la honte sur toute sa famille, et le prévinrent qu’il perdrait immanquablement son procès, et qu’ils lui conseillaient de se préparer à remplir ses devoirs de palefrenier.

Le gentilhomme répondit d’une voix faible et tremblante qu’il était le plus malheureux des hommes ; il jura n’avoir rien su de toute cette af-