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en rougissant et en saisissant la main de Luther, notre divin Sauveur ne pardonna pas à tous ses ennemis. Demandez-moi de pardonner au prince, au châtelain, à l’intendant, aux seigneurs Winz et Kunz de Tronka, à tous ceux enfin qui m’ont nui dans cette affaire ; mais pour que je puisse pardonner au gentilhomme, il faut d’abord qu’il ait restauré mes chevaux. »

À ces mots, Luther lui tournant le dos avec dédain tira la sonnette pour qu’un domestique vînt éclairer Kohlhaas, et il se remit à son bureau.

Le marchand, confus et les yeux baissés, ouvrit la porte fermée en dedans que le domestique cherchait vainement à forcer.

Luther jetant un regard de côté sur Kohlhaas dit au domestique de l’éclairer, et celui-ci se plaçant devant