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Le soir, lorsque Sternbald et Waldmann rentrèrent au château, ils virent avec une grande surprise ce placard affiché sur la porte cochère. Ils n’en parlèrent point à Kohlhaas, pensant qu’il ne tarderait pas à l’apercevoir. Mais celui-ci, concentré en lui-même et nappé d’une noire mélancolie, ne sortait que rarement, à la tombée de la nuit, pour donner des ordres rapides. Ce ne fut donc qu’au bout de quelques jours que, sortant en grande cerémonie pour faire exécuter deux hommes qui s’étaient rendus coupables de pillage malgré sa défense, il remarqua cette feuille et la lut d’un bout à l’autre.

Il serait impossible d’exprimer ce que son âme éprouva en voyant la signature de l’homme qu’il aimait et qu’il respectait le plus au monde. Une vive rougeur couvrit son visage,