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liers bien armés, qui prirent la route de Leipzig, et le bruit se répandit qu’ils conduisaient le gentilhomme à Pleissembourg. Le peuple, satisfait à son égard, se réunit en foule à la troupe du prince de Meissen.

Cependant Kohlhaas se trouvait dans la plus étrange situation, à la tête d’une centaine d’hommes, menacé d’un côté par le préfet, de l’autre par le prince.

Sa troupe étant bien armée et d’une vaillance éprouvée, il se décida à marcher courageusement au-devant de ce double orage. Le soir du même jour, il attaqua le prince de Meissen dans une rencontre nocturne à Muhlberg, où il eut le chagrin de voir tomber le fidèle Herse, qui combattait à ses côtés. Aigri par cette perte, Kohlhaas redoubla de vaillance, et au bout de trois heures de combat, le prince