Page:Kleist - Contes, t. 1, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jusqu’à ce que l’on pût le faire évader, il sortit le jour de Saint-Gervais pour repousser la fureur de l’hydre menaçante qui désolait le pays.

Mais le maquignon fut assez prudent pour éviter une rencontre ; il fit semblant de fuir, jusqu’à ce qu’il eût attiré le préfet à quelques milles de la ville, faisant courir le bruit qu’il se jetait sur le Brandenbourg ; puis, se retournant subitement, il revint en toute hâte à Wittemberg, et y mit le feu pour la troisième fois.

L’incendie, poussé par le vent du nord, se propagea avec une inconcevable rapidité ; en moins de trois heures, quarante-trois maisons, deux églises, plusieurs couvens, des écoles et la préfecture furent réduits en cendres.

Le préfet, apprenant le piége dans lequel il était tombé, retourna au point du jour à marche forcée sur la