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moment éteindre les mèches destructives, et Kohlhaas sentit en même temps se calmer dans son triste cœur toute colère contre de pauvres femmes. Saluant dame Antonie, il tourna le dos au couvent en s’écriant : « Suivez-moi, mes frères, le gentilhomme est à Wittemberg ; » et donnant de l’éperon, ils furent bientôt à une grande distance.

Au point du jour, ils entrèrent dans une auberge sur la grande route, où, vu la fatigue des chevaux, il fallait s’arrêter quelques heures. Kohlhaas réfléchissant qu’il lui serait impossible d’attaquer avec dix hommes une place comme Wittemberg, écrivit un second mandat dans lequel, après un court récit de tout ce qui lui était arrivé dans le pays, il invitait tout bon chrétien, sous la promesse d’une paie et d’un riche butin, à prendre parti dans