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à présent, car la démarche que je médite ne veut aucun retard.

— Oh ! je te comprends, tu n’as besoin que d’armes et de chevaux, tout le reste deviendra ce qu’il pourra ; » et à ces mots, elle se laissa tomber en pleurant sur une chaise.

« Chère Lisbeth, lui dit Kohlhaas avec tristesse, que fais-tu ! Dieu m’a béni dans ma femme et dans mes enfans : devrais-je aujourd’hui pour la première fois désirer qu’il en eût été autrement ? » Puis il s’assit à côté de Lisbeth, qui, rougissant à ce reproche, se jeta toute confuse dans ses bras.

« Dis-moi, continua-t-il en jouant avec les boucles de cheveux qui tombaient sur son front, que dois-je faire ? Faut-il que j’aille à Tronkenbourg redemander mes chevaux au gentilhomme ? »

Lisbeth n’osa dire oui ; elle secoua