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une grande masse de substances nutritives d’une digestion facile. Elles constituent une sorte d’entraînement nutritif. On peut les pratiquer fort bien à Mondorf, où se trouvent les matières premières d’une qualité remarquable.


La goutte.

Mondorf reçoit tous les étés la visite d’un certain nombre de goutteux. Tel y vient depuis une douzaine, depuis une vingtaine d’années ; tel autre n’a pas manqué une seule saison depuis la fondation de Mondorf. Etant donné que les goutteux se recrutent parmi les gens d’esprit, il est permis de croire que la cure de Mondorf leur fait du bien pour qu’ils y reviennent avec une fidélité pareille. Cela n’empêche pas que tous ces patients n’aient de temps à autre leur accès de goutte ; mais la plupart trouvent que, grâce à Mondorf, leurs accès sont bénins, de courte durée, et suivis de longs intervalles d’une bonne santé. On sait du reste fort bien dans le monde que, une fois qu’un premier accès s’est déclaré, l’on a bel et bien épousé le mal, et que le divorce avec dame goutte est chose fort rare. On sait surtout que c’est une maladie sociale (nullement socialiste) et qu’on la rencontre de préférence dans la classe aisée, au moyen terme de la vie, chez les gens qui mangent, boivent et dorment bien. C’est le cas de dire : Vox populi, vox Dei ! Aussi l’illustre Sydenham, qui lui-même était une victime de la goutte, se moqua-t-il fort spirituellement d’un richissime lord de sa clientèle, qui, impatient de se débarrasser de son podagre, lui demanda un moyen infaillible et radical de guérison. « C’est bien simple, lui répondit le savant. Que Votre Seigneurie vive avec un shilling par jour, et qu’elle gagne ce shilling par le travail de ses mains ! »

Depuis que Wollaston et Tenant ont découvert que l’urate de soude formait les concrétions, souvent très