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C’est notre cerveau qui réclame le café et non pas notre estomac. L’habitude du café devient très vite impérieuse ; il partage ce défaut avec toutes les substances qui agissent profondément sur le système nerveux, comme l’alcool, l’opium, le haschisch, etc. Son abus est cependant toujours nuisible, même quand on est doué d’un estomac bien portant. On a beau citer la longévité de Voltaire et d’autres gens célèbres pour en démontrer l’innocuité. Quand on parcourt les lettres du philosophe de Ferney avec les yeux du médecin, on doit être frappé du retour incessant de préoccupations qui toutes ont trait à la dyspepsie, et à tout ce qui s’y rattache. L’invention d’un nouveau modèle de clysopompe y est saluée avec un enthousiasme reconnaissant, et une rage de dyspepsie arrache au grand écrivain l’aveu tragique : Un siècle de gloire pour un bon estomac !

Le thé, dont le principe actif est analogue à celui du café, joint à son action défavorable pour la digestion, une action excitatrice plus puissante du cerveau. C’est le monde féminin surtout qui en use et qui en abuse. Des physiologistes méchants ont expliqué la préférence que le beau sexe montre à l’égard du breuvage chinois, par une vertu spéciale que celui-ci exercerait sur l’appareil moteur de la langue ; tandis que les chimistes ont eu la galanterie d’y découvrir outre là theïne, une grande quantité de fer, de ce précieux métal qui, façonné en pilules, guérit les hommes, et qui, transformé en obus et mitraille, doit guérir les peuples malades. On doit donc entendre dire comme excuse, que le thé est un bon stimulant, un tonique du sang, et je ne sais quoi encore. Tout beau, mais ce n’est, et ce ne sera jamais un digestif ! Que les Anglais avec leur appareil digestif si solidement organisé, leur tempérament phlegmatique, puissent se permettre de savourer impunément des flots de thé, cela n’est pas étonnant ; c’est peut-être un correctif pour leur constitution. Mais nos dames nerveuses,