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truisent toujours l’acidité du suc gastrique. Enfin, la digestion étant l’affaire de l’estomac avant tout, je ne puis me figurer que les eaux minérales, dites de table, qui sont décomposées dès qu’elles se trouvent en contact avec le contenu de l’estomac, puissent encore exercer une action spécifique sur ce dernier. Qu’on prenne toute chose à son heure, et l’aliment et le médicament !

On pourrait encore objecter que la soif est une fonction naturelle, et qu’il faut y obéir en buvant jusqu’à ce que ce désir soit satisfait. À cela on peut répondre que la soif des dyspeptiques est souvent factice, de même que leur besoin exagéré de manger qu’on observe quelquefois. Ensuite, la soif exprime, à Vrai dire, plutôt un besoin général de toute l’économie, provoqué par l’échange organique du sang et la concentration de ce liquide, qui résulte de la perte en vapeur d’eau par la transpiration continuelle et la respiration. Si donc la soif se traduit ordinairement par la sensation si connue et si pénible de sécheresse à la gorge, il n’est nullement besoin pour s’en défaire, d’humecter le palais, car des lavements d’eau, des bains prolongés la calment tout aussi bien. Aux bains, l’affaire est du reste plus simple. La proportion d’eau qu’on a l’habitude de prendre dans la matinée, prévient sûrement la soif, car dès que le sang a reçu sa portion de liquide nécessaire, celle-ci ne se manifeste guère. Nous maintenons donc notre conseil, qu’on s’abstienne de boire pendant les deux heures qui suivent le repas.

Pour ce qui regarde la façon de préparer les mets, il y a une certaine difficulté à concilier les exigences de l’hygiène avec les artifices de l’art de Vatel. Quel est le cordon bleu qui voudrait encore faire de la cuisine, si on lui enlevait le lard, le beurre et la crème, que nous venons de désigner parmi les aliments indigestes ? Car ces ingrédients sont absolument de rigueur dans la préparation des plats d’un homme civilisé. Aussi n’y a-t-il