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sur la santé. Comme le feu devait, en détruisant le cadavre, épurer l’image de la mort et enlever à la vue le spectacle odieux de la décomposition, ainsi l’eau devait assainir le corps vivant, le fortifier, l’embellir. Les bains faisaient donc partie de l’hygiène journalière. De là il n’y avait qu’un pas jusqu’aux bains de rivière et aux douches lancées par les vagues écumeuses de l’Océan, qui entoure de tous côtés la patrie hellénique. Lycurgue obligea les guerriers de Sparte à se baigner dans l’onde froide de l’Eurotas, dans le but déterminé de les endurcir et de les rendre insensibles aux intempéries des saisons. Quand plus tard vint Hippocrate, dont le génie résume, avec les expériences du passé, toutes les forces du raisonnement philosophique de son époque civilisée, il existait déjà une science balnéaire, du moins le père de la médecine fournit le premier exemple d’un patient, envoyé aux eaux avec ce qu’on appelle aujourd’hui une indication. Il s’agissait d’un citoyen d’Athènes qui souffrait depuis des années d’un eczéma général avec un énorme épaississement de la peau. Hippocrate lui conseilla de faire usage des eaux thermales de Mélos dans l’île d’Eubée. Le malade revint parfaitement guéri.

Pour le reste, les eaux minérales se trouvaient sous le haut patronage des dieux petits et grands, et c’était à Hercule, à Esculape qu’on rendait grâce de la guérison obtenue par leur emploi.

Les Romains héritèrent, lors de la décadence hellénique, et des arts et des sciences du peuple grec. Ils développèrent la balnéation à un degré extrême, surtout au point de vue technique. Leurs aqueducs, leurs