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est bien entendu d’autre part, qu’en lui faisant prendre une nourriture trop copieuse, cet organe peut plus facilement faillir à sa tâche, surtout quand son énergie n’est pas à la hauteur de sa mission. L’observation sur le malade nous démontre du reste que c’est ordinairement le dernier repas de la journée, le souper, qui donne lieu aux indigestions, et que c’est pendant la nuit que s’accumulent les souffrances pour le pauvre dyspeptique. Il est bien naturel d’interpréter cette coïncidence si fréquente en considérant que l’estomac, ayant épuisé toutes ses ressources pour les premiers repas, se trouve à bout de forces pour achever le dernier. Malheureusement on attend toujours cette extrémité, et il faut l’évidence brutale des faits avant qu’on se décide à réduire le nombre et l’intensité des charges qu’on impose à cet organe. Il serait cependant bien plus raisonnable de s’y prendre d’une façon toute opposée : c’est-à-dire, de commencer par un repas unique pour toute la journée ; puis, celui-ci étant bien digéré, on aurait le droit seulement de faire un pas plus loin et d’essayer avec deux séances digestives. C’est du reste cette façon d’agir que nous adoptons quand il s'agit d’un estomac gravement compromis, comme dans la dilatation stomacale. Il arrive même dans les cas extrêmes de ce mal, qu’un repas par jour soit encore de trop pour la capacité digestive de cet organe, et qu’il faille nourrir le patient au moyen de lavements nutritifs, en attendant que l’estomac se remette sous l’influence des mesures prises en ce sens.

En somme donc, nous sommes grand partisan du système français de deux repas pour les vingt-quatre heures. Si c’est déjà une bonne et salutaire mesure pour ceux qui sont bien portants, son observation est de rigueur pour les dyspeptiques. L’Allemagne où l’on mange à toute heure de la nuit et du jour, est le pays par excellence des maladies de l’estomac, et il est assez