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comme une digestion normale, chez un homme sain, demande cinq à six heures, il est permis d’admettre que chez un dyspeptique cet acte nécessite au moins six heures, sinon plus. En outre, comme il convient de laisser plus longtemps reposer un organe affaibli, il faudra accorder quelques heures de repos, après la besogne faite. De cette façon il ne faudra pas prendre plus que deux repas par jour. Mais la sagesse des nations pense autrement là dessus, et elle proclame ceci : Mangez peu à la fois, mais mangez souvent. On se figure dans le public qu’en prenant une petite quantité de nourriture seulement, l’estomac va besogner plus vite et que cela le fatiguera moins. C’est une erreur patente. La digestion doit être considérée comme une opération chimique telle que nous voyons s’opérer la transformation des matières alimentaires dans l’industrie. Tout le monde sait donc que, pour convertir la pâte de farine en pain, ce qui constitue déjà un commencement de digestion en dehors de l’estomac, il faut un temps déterminé pour permettre à la fermentation d’abord, et à la cuisson ensuite, d’exercer leur action. Il y a dans cette fabrication, qui est une des plus belles et surtout des plus utiles découvertes du génie humain, une action chimique (transformation de la fécule en dextrine) et une action physique (porosité obtenue par le développement des bulles de gaz) tout comme cela se passe pour la fonction digestive dans l’estomac. Or, pour obtenir un seul pain, il faut attendre le même nombre d’heures que pour une douzaine ; il faut lui accorder le même temps pour qu’il lève, et il faut le même nombre d’heures de séjour au four. La brasserie, la distillerie, offrent des comparaisons analogues à considérer. De même il y a un minimum de temps, plus ou moins invariable, qu’il faut à l’estomac pour remplir sa besogne, et quand on lui présente une quantité d’aliments plus restreinte il ne saurait pour cela, venir plus rapidement à bout de son travail. Il