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de fil d’Ariane pour s’orienter dans le dédale des prescriptions culinaires. Le patient s’endort donc paisiblement, comme le jeune Alexandre, avec la brochure du Dr Wiel sous son traversin, et il bénit sa bonne étoile qui l’a conduit dans un endroit où une administration prévoyante le défend et le gare si paternellement contre les dangers d’un mauvais régime. Cela n’empêche pas que le matin, après avoir pris ses gobelets de Mühlbrunn ou de Sprudel, il déjeûne avec une tasse de café outrageusement fort (en Autriche on sert cette liqueur à la turque), et qu’il l’accompagne par dessus le marché de cette excellente pâtisserie de Bohème où il entre pour la moitié du beurre ou de la crème. S’il est permis au gourmet de savourer les délices de cet assemblage, je doute fort que le dyspeptique et le goutteux s’en trouvent bien. La digestion du dîner (très curgemâss) occasionne-t-elle quelque embarras, notre patient n’a qu’à se faire servir une forte infusion de thé noir, selon la recommandation de son Mentor ès choses gastriques, le Dr Wiel. Pourtant des observations répétées sur des individus qui portaient une fistule stomacale, ont depuis longtemps démontré, que le café aussi bien que le thé, entravent et retardent la digestion ; que le beurre et la crème, étant des substances grasses, sont difficiles à digérer. C’est à se demander à quoi la physiologie est bonne ? Est-ce bien pour éclairer les médecins praticiens, ou ne peut-elle servir qu’à ennuyer les candidats qui se vouent à la science d’Hippocrate ? On peut voir du moins par la critique de ces détails, combien une prescription générale et absolue est défectueuse, et combien il est nécessaire d’individualiser selon les cas et les tempéraments.

Mondorf est une création de notre époque, et si son origine n’est pas poétisée par des légendes comme celles qui enveloppent dans les nuages du passé la naissance de ses consœurs, en revanche aucune tradition naïve des siècles écoulés n’est venu influencer les pratiques qu’on