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NOTE.

Dans ces deux transcriptions les deux derniers caractères se prononcent tchi ; cependant on rencontre le même mot écrit très souvent 氐月, ce qui doit se prononcer Yue ti. L’écriture des Chinois est peu propre à marquer et conserver les sons des mots ; et il est constant que, dans la suite des siècles, la prononciation des caractères a changé fréquemment : les grammairiens chinois citent une foule d’exemples qui démontrent que le t a été souvent remplacé par un tch : le mot de Yue tchi paraît en fournir une nouvelle preuve ; en effet, il est probable que sa prononciation primitive a été Yue ti, comme l’indique la troisième manière de l’écrire, que je viens de citer en caractères chinois : or Yue ti est le même mot que Yut. Les Yue ti ayant conquis une grande partie de l’Hindoustân septentrional, et principalement les pays arrosés par l’Indus (voyez pages 133 et 134), les anciens chinois donnaient communément à l’Inde le nom de Royaume des Yue ti ou des Yut.

Quoique l’histoire de l’Inde soit encore couverte d’un voile épais, nous savons pourrant, par des inscriptions sanskrites et d’autres monuments, que les Yut ou Jut ont fondé, à l’époque indiquée par les auteurs chinois, de puissants empires dans l’Hindoustân ; qu’au cinquième siècle, des princes de leur race régnaient dans le Pendjab septentrional, et que, vers l’an 1000 de notre ère, ce peuple opposa sur l’Indus une résistance opiniâtre à Mahmoud le Ghaznevide ; mais qu’il fut repoussé au-delà du Setledj. Nous avons vu aussi que les Yue ti reçurent plus tard le nom de Ye ta. Ils sont sans doute même peuple que les Gètes, vaincus par Tchinghiz-khan et par Timour. Les descendants des anciens Yue ti existent encore de nos jours dans l’Inde. Dans la partie nord-est de la province de Goudjerat, on trouve le territoire de Jutvar, ou pays des Jut, Jhut ou Yut ; il s’étend le long du grand marais appel Rann, et il est traversé, pendant la saison pluvieuse par plusieurs bras du Banass, par le Seresvati et le Roupeyne. Les Yut s’étendent bien au-delà de ce pays désigné par leur nom ; car les provinces de l’empire des Afghans, situées sur la rive gauche de l’Indus, sont habitées par une peuplade de Hindiki nommée Yut ; tous les paysans mahométans du Pendjâb appartiennent à la même souche : ce peuple forme la population principale du Sindi ; il est mêlé aux Baloutchi, dans le Baloutchistan, où il est aussi connu sous le nom de Jugdall. Les Yut qui habitent le Jutvar sont originaires du Sindi : c’est un peuple inquiet et adonné au brigandage ; dans certaines saisons, ils poussent leurs incursions à une grande distance de chez eux. Ils sont mahométans, tuent les vaches et les bœufs, et préfèrent la chair de ce dernier animal à toutes les autres. La physionomie de ce peuple ressemble à celle des Européens, et son profil rappelle ordinairement celui des Grecs.

Les Yue tchi ou Yue ti des Chinois n’étant pas d’origine tubétaine, je suis porté à