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levées peu aguerries. Les Tubétains profitèrent de cette circonstance pour effectuer la grande invasion en Chine que j'ai mentionnée à la page i34, et qui finit par la prise de Tchhang ngan, la capitale. Ces étrangers furent bientôt repoussés et obligés de se retirer dans leurs frontières, mais la paix intérieure et extérieure de l'empire ne fut rétablie qu'en 766. La tranquillité fut souvent troublée pendant les dix-sept années du règne de Taï tsoung, et la guerre avec les Tubétains désola les provinces de l'ouest de la Chine. Le gouvernement de son successeur Te tsoung, qui dura de 779 jusqu'en 8o5, ne fut pas non plus très paisible. L'empereur, obligé de quitter sa capitale pour se soustraire à la fureur d'une milice révoltée par les mauvais procédés de son ministre Lou ni, eut encore le chagrin de voir ses serviteurs fidèles tourner leurs armes contre lui. Une amnistie générale, qu'il accorda en 784, fit cependant rentrer les révoltés dans leur devoir, et rétablit le calme pour quelque temps.

Pendant ces troubles intérieurs la guerre avec les Tubétains continua toujours. Un des ministres de l'empereur fit voir à ce monarque la nécessité de s'allier avec les Ouigour contre ces ennemis incommodes. Il lui proposa donc d'accorder au kakhan de cette nation belliqueuse la princesse chinoise qu'il vint demander en mariage ( 787 ). On députa aussi des grands de l'empire au roi de Nan tchao, à différents princes des Indes et au khalife des Arabes, pour engager ces souverains à tourner leurs armes contre les Tubétains, dont tous avaient à se plaindre. Les Ouigour furent les premiers qui signalèrent leur zèle contre l'ennemi commun. En 790, les Tubétains furent aussi battus en Chine; mais ils devinrent de plus en plus redoutables par leurs fréquentes incursions sur le territoire des villes de la province de Chen si. Ils défirent, la même année, l'armée des Ouigour près de Pe thing ou Bich-balik : les Chinois perdirent alors presque toutes leurs possessions dans la petite Boukharie, à l'exception de la ville et de la forteresse de Si tcheou, qui se trouvait près de l'emplacement actuel de Tourfân. Les Tubétains devinrent très puissants par ces conquêtes.

En 798 le khalife Ga lun (Haroun) envoya trois ambassadeurs à l'empereur; ils se conformèrent à la cérémonie de se mettre à genoux et de frapper du front contre terre pour saluer le monarque chinois. Les premiers ambassadeurs du khalife qui vinrent à la Chine eurent d'abord de la peine à s'y résoudre. Suivant les historiens chinois, ces mahométans disaient qu'ils ne se mettaient à