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un emploi subalterne dans l'armée. Un officier général, charmé de sa bonne mine et de sa bravoure, l'adopta , et lui fit faire son chemin. Ngan lou chan devint bientôt général, et prouva par sa conduite qu'il n'était pas indigne de ce poste. Il se distingua dans plusieurs occasions importantes , et mérita une attention particulière de la part du souverain. L'empereur le vit, le mit au nombre de ses officiers , et en fit bientôt son favori de prédilection. Il le combla de biens, et après l'avoir fait passer successivement par les dignités les plus honorables, il l'éleva enfin à celle de prince, et lui accorda toutes les prérogatives de ce haut rang. L'ambition étant devenue la passion dominante de ce favori, il ne pensa qu'à augmenter son autorité, pour parvenir, après la mort de son bienfaiteur, à se rendre indépendant et à se former un petit état. L'empereur l'avait fait et nommé gouverneur général des provinces situées au nord du Houang ho, qui à cette époque se déchargeait encore dans le golfe de Peking. Ngan lou chan eut ainsi tout le loisir nécessaire pour travailler à l'exécution de ses projets. Des serviteurs fidèles avertirent l'empereur de ce qui se tramait contre la sûreté de l'état; quoique doutant de la vérité de ces accusations , le monarque appela pourtant son favori à la cour : celui-ci s'empressa d'y venir. Son arrivée dissipa tous les soupçons qu'on avait fait naître dans l'esprit de Hiuan tsoung. Content de cette marque d'obéissance, il renvoya le Turc dans son gouvernement, et le remit à la tête des troupes qui étaient sur les frontières.

Ngan lou chan comprit bien que si cette fois il avait échappé à la disgrâce de son maître, il ne pouvait pas espérer de tenir toujours tête aux représentations que des ministres clairvoyants et fidèles feraient à l'avenir sur son compte. Il se décida donc de hâter l'exécution de ses plans, sans attendre la mort de Hiuan tsoung. Aussitôt qu'il fut arrivé dans son gouvernement, il disciplina ses troupes, en augmenta le nombre, et s'efforça de s'en faire aimer. Il fit venir de chez les Turcs et les Khi tan beaucoup de chevaux pour remonter sa cavalerie. Quand il se crut en état de tout entreprendre, il publia que l'empereur lui ordonnait d'aller à son secours, à la tête de son armée, pour le délivrer de la tyrannie de ses ministres, qui, s'étant emparés de l'autorité , le tenaient prisonnier, et bouleversaient l'empire. Sa hardiesse, la réputation dont il jouissait, les faveurs sans nombre qu'il avait reçues de son maître, en imposèrent à la multitude. A la fin de l'an 755 le rebelle