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C146 APERÇU DES PEUPLES DE L’ASIE MOYENNE.

cependant pas l’offensive, et on se contenta d’ observer les frontières, pendant que le pays ennemi était en proie à des guerres intestines. Sur ces entrefaites l’empereur Wou tsoung mourut. Lun koung je, croyant ce moment favorable pour attaquer les Chinois, se mit à la tête des Tang hiang (voyez le tableau ethnographique dans l’atlas ) et de quelques tribus des Hoei hou , et entra dans le Tangout; il fut battu et obligé de se retirer en désordre. Il obtint ensuite quelques succès contre le chef du parti qui lui disputait le trône. Cependant sa dureté envers ses troupes et ses alliés occasiona bientôt (851) la retraite de ces derniers , qui s’en retournèrent dans leur pays, et mit la désertion dans les rangs des premiers. Ces événements ayant beaucoup affaibli sa puissance, il résolut de se soumettre à la Chine, et de demander le gouvernement d’une province limitrophe. L’empereur le reçut avec honneur, mais il se garda bien de lui accorder le poste éminent qu’il ambitionnait. Désespéré, et abandonné par les siens, il se retira avec un faible parti dans la ville de Kouo tcheou. Ce fut là qu’il employa plusieurs années à se former une nouvelle armée. En 866, il fit attaquer les Tang hiang, qui s’étaient soumis à la Chine, et qui habitaient au sud de Si ning, ville du Chen si. Ses troupes furent battues; il fut surpris dans sa résidence, et le chef des Tang hiang lui fit trancher la tète, qui fut envoyée à Tchhaug ngan[1]. Depuis ce temps la puissance des Thou fan, qui, pendant deux cents ans , avaient dominé dans l’intérieur de l’Asie, fut presque entièrement détruite. Les provinces qu’ils avaient possédées au nord du Tubet devinrent le partage des Hoei hou ou Ouigour; les rois de Nan tchao ou de Yun nan s’emparèrent de plusieurs contrées qui, dans le sud-est, avaient appartenu aux Thou fan. Mais ce qui porta le coup le plus funeste à leur puissance, ce fut l’établissement du royaume de Hia, dans le nord-ouest de la Chine, duquel je parlerai plus tard. Pendant un siècle et demi l’histoire chinoise ne fait aucune mention des Tubétains ni de leurs rois, qui avaient perdu toute influence extérieure. Ce n’est qu’en 1015[2] que les Thou fan reparaissent sur le théâtre politique de l’Asie orientale. Ku szu lo, descendant des anciens Dzan phou, envoya une ambassade à l’empereur de la dynastie des Soung pour lui proposer d’attaquer conjointement le roi de Hia. Cette offre ne fut pas acceptée. Ku szu lo résidait ordinairement dans la ville de Dzounggo. Son premier ministre était un bonze de la religion de Foe, appelé Thou fan.

  1. Chute totale de la puissance des Thou fan 866 de J.-C.
  2. Ku szu lo 1015 de J.-C.