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également. — Quels sont donc, répliqua-t-il, les moyens par lesquels on peut parvenir à se délivrer de tous ces maux ? — Le seul moyen contre eux qui existe, lui dit-on, est d’abandonner et de rejeter les plaisirs mondains. « Le fils du roi s’écria alors : « Si c’est là le véritable moyen, j’annoncerai à mon père que j’abandonne le monde et que je veux entrer dans l’état religieux. »

S’étant effectivement adressé dans ce but à son père, celui-ci lui répondit : « Ô mon fils ! n’exécute pas ce projet ; je suis déjà très-âgé : si tu te fais religieux, qui héritera du trône et de l’empire ? Si tu ne renonces pas à ce projet, je dois te croire possédé par quelque démon malfaisant, ou penser que tu as perdu l’esprit. » Et il ordonna de placer des gardes aux quatre portes du palais pour empêcher son fils d’en sortir.

Pendant cet emprisonnement, qui parut très-dur au fils du roi, il ne s’occupa que de se fortifier dans la résolution qu’il avait prise et, ne rêva qu’aux moyens de parvenir à la mettre à exécution. Un jour qu’il était absorbé dans des réflexions profondes, son génie tutélaire, Khourmousda Tègri[1], se présenta devant

  1. [texte mongol] Khourmousda tègri est, selon le dictionnaire bouddhique pentaglotte imprimé à Péking, le nom mongol de l’Indra des Hindous, en tubétain དབང་པོ་ Wang bo (le roi ou souverain), en chinois 釋帝 ti chy, en mandchou ᡴ‍ᡠᡵᠮᠣᠰᡩ᠋ᠠ Khormosda. M. J. J. Schmidt,