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— Oui, mais il y a toi, Davie !

— Eh ! je désirerais qu’il y eût autre chose, petite. Je ne suis qu’un propre-à-rien et un mal fichu, Jennie.

— Que nenni, il y en a bien qui ne te valent pas, Davie.

— Je n’en connais pas, petite, et je me dis même que je ne tiendrais pas à en connaître.

— Mieux vaut un homme modeste mais franc et sûr, Davie, qu’un autre qui tourne autour des filles et vous amène des ennuis dans le ménage.

— Ne t’y fie pas trop Jennie ; ce n’est pas toujours le meilleur coq qui a le plus de succès au poulailler. Je n’ai jamais cessé d’être un coureur de cotillons. Crois-moi, je suis un mauvais parti.

— Ah ! mais tu as bon cœur, Davie, et tu m’aimes bien. J’en suis sûre.

— Je t’aime assez, Jennie ; mais cela durera-t-il ? Je suis bon garçon, tant qu’on fait mes volontés. Au fond, j’ai un caractère infernal, ma mère peut en témoigner ; et je suis comme mon pauvre père, je ne deviendrai pas meilleur en vieillissant.

— Ouais ! tu es sévère sur ton compte, Davie. Tu es un garçon honnête. Je te connais mieux que tu ne te connais et tu feras pour moi un bon mari.

— Peut-être, Jennie ! Pourtant j’en doute. C’est une triste chose pour la femme et les enfants, quand le père ne peut résister à la boisson. Lorsque l’odeur du whisky me monte au nez, ma gorge