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sensation d’un regard ; la porte s’est entr’ouverte et quatre têtes solennelles et superposées vous regardent avec persistance, comme si vous étiez un prodige exposé dans cette chambre. Vous voyant éveillé, la tête supérieure s’avance avec calme par dessus les trois autres, entre, et vient s’asseoir sur le lit dans une attitude amicale.

— Oh ! dit-elle, nous ne savions pas que vous étiez éveillé ; moi je le suis déjà depuis quelque temps.

— Il me le semble, répondez-vous brièvement.

— Papa n’aime pas que nous soyons levés trop tôt, continue-t-elle. Il dit que tout le monde dans la maison en serait dérangé. Alors naturellement nous ne devons pas nous lever.

Ceci est dit sur un ton de gentille résignation. Elle paraît remplie d’une satisfaction intime, due au sentiment du devoir accompli.

Vous lui demandez :

— Vous n’appelez pas cela être levé ?

— Oh, non ! Nous ne sommes pas encore convenablement habillés.

C’est l’évidence même.

— Papa est toujours très fatigué le matin, poursuit la voix ; naturellement, c’est parce qu’il travaille dur toute la journée. N’êtes-vous jamais fatigué le matin ?

Alors seulement vous remarquez que les trois enfants sont entrés aussi et sont assis par terre en demi-cercle. Il est évident que tout ceci n’est pour