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et on entend une voix suave, rassurante par son ton doux et plaintif, qui demande humblement :

— Pa, puis-je me lever ?

Vous n’entendez pas l’autre voix, mais les réponses sont :

— Non, ce n’était que la baignoire… Non, elle n’a vraiment pas de mal, elle est seulement mouillée, tu comprends… Oui, maman, je leur dirai ce que tu veux… Non, c’était un pur hasard… Oui ; bonne nuit, papa.

Ensuite la même voix, s’élevant pour être entendue, à distance de la maison, commande :

— Il faut que vous remontiez tous. Papa dit qu’il n’est pas encore l’heure de se lever.

— Vous vous recouchez et écoutez quelqu’un auquel on fait monter l’escalier, selon toute évidence, contre son gré. Par une attention délicate les chambres d’amis de « Beggarbush » sont exactement au-dessous des nurseries. Le même petit être continue sa résistance tandis qu’on l’insère dans son lit. Aucun des détails de la bataille ne vous échappe, car chaque fois que le corps est jeté sur le matelas élastique, le lit fait un bond juste au-dessus de votre tête, et chaque fois que le corps s’échappe victorieusement de l’étreinte, vous en êtes averti par un coup sur le parquet. Ensuite le combat se calme à moins que le lit ne s’effondre ; et le sommeil vous regagne doucement. Mais un moment après, ou du moins il vous semble qu’il n’y a qu’un moment, vous rouvrez les yeux, sous la