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quand il y aura plusieurs montagnes entre elle et le réparateur le plus proche. C’est alors que vous nous supplierez de vous dire où vous aurez mis la burette d’huile et ce que vous aurez fait du tournevis. Puis, pendant que vous tâcherez de maintenir la machine en équilibre contre un arbre, vous proposerez que quelqu’autre nettoie la chaîne et gonfle le pneu d’arrière.

La sagesse prophétique de ce propos m’impressionna :

— Pardonnez-moi si je vous ai parlé sur un ton un peu trop vif. La vérité est que Harris est venu ici ce matin.

— Cela suffit, dit George, je comprends. Du reste, je suis venu pour vous parler d’autre chose. Regardez ceci.

Il me passa un petit volume, relié en calicot rouge. C’était un guide pour la conversation anglaise, à l’usage des voyageurs allemands. Il commençait : « À bord d’un vapeur » et se terminait par : « Chez le médecin ». Le chapitre le plus long était consacré à la conversation dans un wagon de chemin de fer apparemment rempli de fous querelleurs et mal appris. « Ne pouvez-vous pas vous éloigner un peu plus de moi, monsieur ? — C’est impossible, madame ; mon voisin est très gros. — N’allons-nous pas essayer de ranger nos jambes ? — Ayez la bonté, s’il vous plaît, de maintenir vos coudes au corps. — Ne vous gênez pas, je vous en prie, madame, si mon épaule peut vous